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Témoignage maman : « J’ai fait une embolie amniotique, 2ème cause de décès maternel »

Je devais pour partager ce témoignage depuis plusieurs mois mais manque de temps je le fais que maintenant.

J’ai été touchée par l’histoire d’Élodie et je pense que beaucoup d’entre vous le seront aussi.

Merci infiniment Élodie de te confier sur mon blog et de partager ton expérience de « première Fois maman » ici.

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Petite présentation

 Je suis Elodie Brohan et j’habite à Saint Brévin en Loire atlantique. Je travaille dans l’aéronautique en tant que « Qualitien aéronautique ».

Mes passe-temps sont : le sport en général et en particulier course à pied et sport nautique. J’aime aussi la cuisine (surtout la pâtisserie), profiter de la vie et de ma famille. Je suis assoiffée de nouvelle connaissance et de découverte au quotidien. 

Comment est venu l’envie de devenir maman ?

En 7 mois j’ai malheureusement fait deux fausses couches (novembre 2018 et juin 2019) et perdu tout espoir de devenir maman un jour, nous nous sommes tournés vers la PMA (pour garder un dernier espoir on va dire) et puis en septembre 2019 une petit bébé s’est logé dans mon ventre sans m’en rendre compte, lorsque je l’ai su il avait déjà 10 sa. Ma grossesse s’est super bien passée malgré un suivi particulier au vu de nos antécédents. J’ai eu peu de nausée et aucune envie particulière. J’avoue que j’ai vécu ma grossesse avec une boule au ventre ; la peur de perdre mon bébé. Nous avons décidé de ne pas savoir le sexe afin d’avoir une belle surprise à son arrivé. 

Petite particularité :  la fin de grossesse s’est déroulée avec l’arrivée de la covid19. Une fin bien particulière pour moi, le stress est arrivé avec cette peur de l’attraper, et deuxième peur : d’être seule lors de l’accouchement. A l’époque, on entendait tout et son contraire.

De mon côté je n’ai pas vécu une belle fin de grossesse : impossible pour moi de faire les dernières emplettes et de profiter de mon congé pour prendre soin de moi (comme la piscine, les soins etc.), du coup aucun cours de préparation à l’accouchement.

Comment s’est passé l’accouchement ?

On peut dire que j’ai eu un accouchement incroyable ou particulier. Le mercredi 15 avril 2020 dernière échographie (car on m’avait prédit un gros bébé), et là on me propose soit de le déclencher ce jour même ou le lendemain. Je fais le choix de déclencher aussitôt. Je passe mon après midi et nuit à la maternité sans aucun signe du bébé.

Le lendemain on me propose d’aller en salle d’accouchement pour prendre son temps. Et avec la grande chance d’être dans une zone peu touchée par la covid, mon mari a pu arriver dans la foulée.

Nous partions sur un accouchement le plus naturel possible mais les choses se sont passées autrement.

Après une petite séance d’acupuncture, la sage femme décide de percer la poche des eaux à 14h30 car rien ne se passe…. Et là pour moi gros trou noir, la suite de l’accouchement c’est un compte-rendu de ce que l’on m’a raconté. Ma dernière phrase a été « mon cœur je n’arrive plus à respirer ».

La sage femme me met en PLS avec l’aide de mon mari et ensuite déclenchement du code rouge. En 5 min, 20 personnes sont dans la salle et on m’emmène au bloc… et 14min après mon arrêt respiratoire, mon bébé nait. 
On annonce à mon mari : vous êtes papa et on oubli même de lui dire le sexe de l’enfant tellement tout le monde est perturbé par ce qui se passe, et là, la sage femme lui dit : « mais…. vous devez appeler quelqu’un pour vous soutenir car il y a peu de chance que votre femme s’en sorte… »

De longue heure d’attente… On revient le voir et on lui dit « l’hémorragie ne s’arrête pas, nous allons devoir lui retirer l’utérus pour avoir une chance de la sauver« . 

Mon mari a été soutenu par la personne la plus forte et courageuse des femmes, ma maman. En arrivant elle a juste dit « je sais qu’elle va s’en sortir« . L’attente a été très longue pour tout le monde : 24 longues et interminables heures.

Mon fils a subi plein d’examens pour être sûr que tout allait bien. Pendant ce temps j’étais en réanimation, avec une équipe médicale au top. J’ai eu beaucoup de chance mon corps a parfaitement réagit à tout ce que les médecins mettaient en place. 

Vendredi 17 avril je me réveille entourée de plein de monde, et des photos autour de moi de mon bébé. Ma première phrase a été « où est mon bébé« , et là, les médecins ne parlait que de moi… Je m’en fichais royalement, ma priorité était mon enfant ! La sage-femme me dit « vous avez un fils » et pendant une fraction de seconde j’ai cru qu’il était parti !
Et là on m’annonce ce qui s’est passé : j’ai fait une embolie amniotique. c’est la 2ème cause de décès maternel lié à la grossesse.

L’embolie amniotique est un accident imprévisible et rare correspondant au passage du liquide amniotique dans la circulation sanguine maternelle lors de l’accouchement. Le pronostic vital de la maman et du bébé dépend de la rapidité du diagnostic et de la mise en place du traitement adéquat.

Et deuxième annonce, pour me sauver la vie, ils m’ont enlevé l’utérus. Mais j’ai déjà cette chance énorme d’être maman d’un fils merveilleux. 

La semaine qui a suivi, les différentes personnes sont venues échanger avec nous, et clairement ils ont super bien fait leur job mais mon hygiène de vie m’a aidé. 

Comment ça va aujourd’hui ?

Aujourd’hui, j’ai surtout la chance d’avoir aucune séquelles, vu ce que j’ai pu entendre par le corps médical. J’ai même été persuadé que j’allais avoir des soucis de santé si je m’en sortais !

Ma vie aujourd’hui est identique, je peux profiter de la vie comme avant. La seule différence est qu’ on ne voit plus la vie pareil. Je remercie toutes les personnes qui étaient présentes de loin ou de près pendant et après. Et un énorme merci à toutes les équipes médicales. Sans eux je ne serais plus ici.

Et mon fils aujourd’hui évolue très bien, il grandit à son rythme. Étant donné que nous avons eu un accouchement atypique nous sommes suivis jusqu’à ses 7 ans par un « réseau grandir ensemble ».

Et le couple dans tout ça ?

Au réveil, je ne me suis pas du tout écouté (je culpabilisais d’avoir laissé mon enfant seul pendant 24h) et donc j’ai tout fait comme si j’avais eu un accouchement « normal ». Et bien j’aurais du m’écouter un peu plus, car 5 mois après le contre coup est arrivé, mon mari me demandait d’être maman et femme et de mon coté c’était impossible ! Je n’avais plus aucun temps pour moi… pour me retrouver. Je me suis oubliée pendant trop de mois et encore aujourd’hui je n’arrive toujours pas à penser qu’à moi, je travaille énormément sur ce point.

Aujourd’hui notre couple tient car il y a l’amour mais surtout le dialogue.
La situation a été très compliquée pour mon mari pendant ces 24h d’attente, mais aujourd’hui c’est pour moi que c’est compliqué et je viens de le comprendre. Je m’en suis rendue compte dernièrement en faisant l’album de mon fils retraçant tout depuis sa naissance, c’est dur de voir ces premières photos où je suis absente. Il me manque ce premier peau à peau, son premier pleure, bref il faut vivre avec.

Aujourd’hui je souhaite ne plus rater ces premières fois, je partage énormément de choses avec lui. Je consacre tout mon temps pour lui (bien ou pas bien, je m’en fiche du jugement des autres). Personne ne peut savoir ce que j’ai ressenti ou ce que je ressens encore ; cette culpabilité de ne pas avoir été à la hauteur au début de sa vie.

J’ai fait le choix de prendre 3 mois de congé parental et je viens de passer à 80%. On ne peut pas juger les autres quand on ne connaît pas toute leur histoire.

Aujourd’hui je profite de chaque instant que la vie m’offre

Le seul conseil serait de profiter de chaque instant avec votre enfant, et écouter votre cœur et non les avis des gens. Chaque enfant a ses propres besoins et envies.


Encore merci Élodie pour ton témoignage, tu es une femme et une maman forte et admirable.

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